Losing Your Spine Angle
Mars 2012
- par Kelvin Miyahira
Traduction : Robin Cocq
Perdre ses angles
Je vais vous raconter ce qui m'est arrivé en CM1 (après on parle de golf c'est promis). J'étais si timide que je devenais très nerveux lorsque je devais prendre la parole en classe. Je commençais à avoir les mains moites, le cœur qui bat la chamade lorsque je sentais que le professeur allait m'interroger. A côté moi, il y avait cette fille qui s'appelait Lisa Goya qui lisait merveilleusement bien, rapidement, de manière précise et en articulant parfaitement. Elle était aussi forte que Katie Couric. J'étais à la impressioné et dégouté devant ses capacités de lecture.
Bref, à chaque fois que je devais lire, je balbutiais, faisais des erreurs, disais des mots dans le désordre et je perdais encore plus mes moyens. Ce problème persista pendant plusieurs mois et un jour on m'a envoyé voir une dame. Je n'avais aucune idée de qui elle était. Dans son bureau, on me montrait des images et je devais expliquer ce que je voyais : un arbre, des vagues, le ciel, une maison...''
Je me disais : ''tout ceci est ridicule''.
A la fin de ce test, elle m'a dit : ''Hmmm, ça a l'air très bien''. Ensuite elle m'a demandé de lire un paragraphe entier. Je me suis éxécuté sans aucun problème. J'ai revu cette dame plusieurs fois, et je lisais parfaitement à chaque test. A la troisième visite, elle me demanda si j'étais nerveux lorsque je devais lire devant la classe.
''Oui madame, j'ai très peur de faire des erreurs quand je lis à haute voix devant les autres''. Je l'ignorais à ce moment-là mais en fait cette dame était une orthophoniste. Mon professeur de CM1 était persuadé que j'étais dyslexique.
Cette petite histoire peut illustrer à quel point un mauvais diagnostic suivi d'un traitement inadapté n'aurait jamais pu résoudre le problème. C'est un peu la même chose dans un swing de golf. Si un problème est mal analysé, mal compris, vous pouvez donner tout ce que vous avez pour résoudre ce faux problème il ne se passera rien, le problème réel ne disparaitra jamais. Vous pouvez aller de correction en correction et remplacer une erreur par une autre mais vous n'approcherez pas la réalité.
Concentrons ce mois-ci sur les angles dans le swing de golf et pourquoi il peut paraître difficile de les conserver lors de la descente et à l'impact.
Conserver ses angles, qu'est-ce que ça veut dire ?
Voici Keegan Bradley qui garde bien ses angles.
Et ici c'est Ben Hogan qui nous montre comment il fait.
Perdre ses angles, qu'est-ce que ça veut dire?
Regardez maintenant Daniel Chopra.
Bien différent de Ben Hogan. On peut voir très clairement que sa colonne vertébrale se place en extension et s'élève. La flèche verte pointe dans la direction qu'à prise son sacrum. Vous pouvez aussi voir le changement de la ligne rouge à la violette indiquant montrant une colonne bien plus verticale.
D'autres façons de perdre ses angles
Trop de slide peut aussi faire perdre les angles de colonne. Le bas du corps, si il va trop vers la cible se déplacera aussi vers la balle créant une autre façon de perdre ses angles. Voyez par exemple ce qui se passe chez Rickie Barnes.
En slidant autant, Rickie n'arrive pas à garder ses angles.
Dans un esprit similaire, on a l'équipe Stack N Tilt qui slide beaucoup également, voici Troy Matteson et Dean Wilson.
Différentes manières de garder ses angles
Ici on retrouve Chris Tidland, un élève de Jim Hardy et de son swing en un plan. C'est une manière peu commune de garder son inclinaison de colonne. Cependant, du fait de la lubie de conservation de l'inclinaison de la colonne et d'une rotation perpendiculaires des épaules par rapport à la colonne, son bas du corps ne peut pas tourner. Le haut du corps rattraper les hanches très tôt, ça se voit encore plus en vue de face.
Oui, Chris garde ses angles. Mais est-ce la bonne méthode ?
Gardez la tête abaissée et sortez le derrière
Voici Paula Creamer qui nous montre la prescription de son grand professeur.
D'après Leadbetter, tout le monde garderait si bien ses angles en ayant l'impression de garder les fesses contre un arbre ou une chaise pendant tout le swing. Vous trouvez que ça ressemble à du ''Hogan'' ça ? Doux jesus...
Testons quelques corrections
Je vous présente Andreas Kali, ancien joueur d'un MiniTour, membre de l'équipe Nationale Danoise et encadrant désormais des joueurs de haut niveau.
Andreas perd ses angles et vous pouvez voir que ça bloque sa rotation, avec des hanches à peine ouvertes à l'impact. Ces mains sont assez éduquées pour éviter un flip mais tout cela n'est vraiment pas optimal.
Il contrôle assez bien son corps et va pouvoir se prêter à une petite expérience. Il essaie dans cette séquence de garder les fesses contre son sac de golf.
Vous ne trouvez qu'il ressemble à Paula Creamer ? J'ai bien l'impression qu'il ne résoudra pas son ''problème de timidité'' de la sorte.
La vérité sur la conservation des angles de colonne
En voilà une surprise !
Il va falloir réanalyser ce concept d'angles de colonne vertébrale, parce qu'en fait il n'y a pas beaucoup de joueurs sur le tour qui les conservent vraiment pendant le swing.
Chris Tidland est certainement celui qui est le plus proche de conserver strictement ses angles.
Revenons à l'anatomie.
Chris a vraiment l'air de garder la colonne dans la même position à l'adresse et à l'impact. Comparons sa position à Nick Watney, qui à plus d'extension au niveau du bas de sa colonne vertébrale, mais a aussi plus de courbure latérale vers la droite. On voit bien que sa rotation de hanche est meilleure.
Encore une fois il semblerait que sur le sujet des angles, il y a une erreur massive de diagnostic.
Interprétons correctement ce qui apparaît comme une conservation des angles
En reprenons la définition stricte, tout joueur qui étendrait la colonne lombaire perd ses angles.
En partant de cette définition, virtuellement tous les joueurs du tour (à l'exception de Tidland il semblerait) perdent leurs angles.
Même le grand Ben Hogan perd ses angles !
Bon, un peu de calme, qu'est ce qui se passe ?
Les différences majeures entre Chopra et Watney sont la courbure latérale de colonne vertébrale vers la droite et la rotation de la cage thoracique et des hanches, massives chez Watney. Chopra ne présente que peu (ou pas) de ces caractéristiques. C'est pour cela qu'on voit une colonne qui s'étend fortement à l'impact, alors que ça ne se produit pas chez Watney.
En fait quand on dit qu'un joueur ''garde ses angles'', c'est surtout qu'il développe une bonne courbure latérale de la colonne vertébrale, et que cela fait croire à un maintien de la posture.
Vous vous souvenez du concept de Moteur Spinal ? Si vous voulez tourner correctement votre corps, vous devez avoir à la fois de la lordose lombaire et de la courbure latérale de colonne vertébrale (à l'opposé de la cible). En omettant ces mouvements clés de la colonne, Chopra ne connecte jamais vraiment le haut et le bas du corps via une connection des facettes latérales des vertébres. Il ne crée pas la possibilité d'une rotation synchrone et d'un corps qui fonctionne à l'unisson. C'est pour ça qu'on voit un bas du corps qui s'arrête complètement. Le haut peut continuer à bouger mais il perd beaucoup de potentiel en laissant le bas du corps sur la touche
(et un haut du corps qui devient moteur principal n'est pas une bonne chose pour le release comme on l'a maintes fois rappelé).
Remarquez qu'en essayant de garder les fesses contre une chaise pendant tout le swing, une chose similaire se passe dans le swing de Paula. Sa colonne est très fléchie vers l'avant, sans réelle courbure latérale. C'est pourquoi elle ne peut pas tourner son corps d'une manière dynamique. Sa tête s'abaisse de plus en plus. Andreas nous a montré le même style de séquence dans sa petite expérience.
Pour résumer, il est impossible de garder une colonne lombaire parfaitement stable et créer en même temps une bonne rotation. On ne peut pas défier le fonctionnement anatomique de la colonne et réussir à bouger de manière athlétique.
Depuis toutes années on a cherché à garder la colonne stable pour garder les angles, mais en réalité ce qui fait ''garder les angles'' ce n'est pas la colonne. On a regardé depuis longtemps la fesse gauche et la cage thoracique du côté gauche bouger vers le haut et à l'opposé de la cible, et avons interprété cela comme une colonne qui reste stable.
En réalité ça n'est possible qu'en courbant correctement la colonne vers la droite
(et avec une colonne lombaire qui en fait, s'étend légèrement).
Voyons un peu comment cela fonctionne.
Les cercles rougent indiquent le mouvement de l'épaule droite et les pointillés jaunes montrent celui de la hanche droite. Les pointillés convergent chez Gainey, pas chez Chopra, ou ils restent bien séparés. Ne voyons pas aussi beaucoup plus la fesse gauche de Gainey ?
Prétez attention à l'extension du bas de la colonne vertébrale chez Gainey. La flèche verte montre bien son sacrum qui se déplace un peu vers la balle, comme Dustin Johnson.
Cà peut paraître un détail, mais ça permet d'augmenter la coubure latérale, et la colonne lombaire et l'épaule droite sont amenées l'une vers l'autre pour créer une connection solide entre les vertèbres au moment de l'impact. Celà assure une action coordonnée de tous les muscles du corps et de la colonne qui peuvent exploser à travers l'impact en gardant les vertèbres en sécurité, d'après le Dr. Gracovetsky.
Alors, maintenant, voulez-vous tapper la balle comme Dustin Johnson ou Tommy Gainey, ou comme Paula et Chopra ? Je suis sur que leurs graphiques de chaine cinetique sont très prometteurs, avec une belle décélération des hanches, pour pouvoir transférer l'énergie au épaules, des épaules qui décélèrent à leur tour, transmettant alors l'énergie aux bras et aux mains. C'est ce que les ''scientifiques'' veulent que l'on fasse ?
Allez, reprendez une petite goutte de potion magique (au cyanure).
La forme du bassin
Puisque le bassin a une forme ovale, il est parfaitement normal que ce que vous voyez en vue de profil à l'adresse paraitra toujours plus étroit que des hanches parfaitement effacées, tournées de 90° à l'impact ou à la traversée. Regardez comme le bassin prend plus de place avec une bonne rotation. On a pris l'habitude d'interpréter à tort cet aspect comme une conservation des angles de colonne.
Vue de dessus de JB Holmes
Le sacrum va du point rouge au point vert, il se déplace vers la cible et la droite de la cible (en diagonale) entre le haut du backswing et la transition. C'est un mouvement très court, il ne faut pas continuer ce déplacement au risque de slider et empêcher la rotation.
A partir de là, le sacrum s'éloigne de la balle et de la cible.
Puis il continue à s'éloigner de la cible mais recommence à bouger vers la balle. C'est aussi ce que l'on voit en vue de profil.
On peut voir que cette séquence reproduit un peu la lettre ''e'' en vue de dessus.
Même Hogan bougeait sa colonne lombaire vers la balle.
Mouvement de la cage thoracique
Tout comme les hanches, la cage thoracique a une forme ovale et donc un torse bien tourné aparait plus large qu'un torse square comme à l'adresse par exemple. Tout cela crée l'illusion de maintien des angles alors qu'en fait la colonne est tordue dans une position bien différente de celle de l'adresse.
La correction
On retrouve Andreas qui travaille sur sa courbure latérale. Il paraît bien plus dynamique et puissant maintenant.
En conclusion il faut bien comprendre qu'il est dommage de se tromper de diagnostic sur ce problème si fréquent. Tout comme je n'avais absolument pas besoin d'un orthophoniste pour travailler sur ma timidité. Soyez donc critique lorsqu'on vous demande de garder votre colonne stable, ça n'est qu'une illusion.
Et c'est tout le problème de l'enseignement du golf. Sans une connaissance suffisante de l'anatomie en mouvement, on se prive de beaucoup d'informations, et on peut être attiré par nombre de théories sur les plans, la chaine cinetique et le comportement de la colonne vertébrale.
Il est temps de sortir de l'ombre.