Etude du lag sur le PGA Tour : Partie 2

Novembre 2011

 - par Kelvin Miyahira
Traduction : Robin Cocq

Comme nous avons pu le voir dans la première partie de cette nouvelle série d'articles sur le lag, les pros du PGA Tour diffèrent grandement dans leur utilisation ou non-utilisation du lag. Certains le gardent jusqu'à l'impact, d'autres le relachent tôt. Il est possible que celà provienne de désaccords entre les courants d'enseignement, certaines philosophies de swing développant l'idée que le lag doit être craint. Parfois le lag est is mal compris que de simples idées peuvent contribuer à faire perdre du lag.
Dans la plupart des cas, les joueurs moyens perdent leur lag très tôt, et celà mène irrémédiablement à un flip, une perte de vitesse de club, des taux de spins trop élevés, des grattes et de nombreuses autres fautes.
Si vous avez envie d'augmenter votre vitesse de swing et de mieux compresser la balle, montez à bord, ce mois-ci nous allons décrire en détail les différents micromouvements nécessaires à la création du lag et à sa conservation.

 

Micromouvement #1 – La Déviation Radiale

C'est certainement le mouvement le plus basique qui soit pour créer du lag. Il s'agit de la simple action de plier le poignet du côté du pouce.


 

 

Voici Tommy Gainey, l'un des leaders du PGA Tour en ce qui concerne le lag. Il nous montre comment augmenter cette déviation radiale lors de la transition.

C'est un mouvement très facile à comprendre mais il ne représente qu'une petite partie de l'équation du lag. Beaucoup de courants d'enseignement se concentrent exclusivement sur cet aspect malheureusement.


 

Lag Micro Move #2 – Left arm Extension

Comment aborder ce mouvement dans un swing de golf ?
Contraitrement aux idées reçues, la plupart des bons joueurs n'ont pas un coude gauche tendu de l'adresse à l'impact. Ce coude évolue de manière dynamique. Dans le prochain article, nous verrons par exemple pourquoi maintenir un certain degré de flexion de ce coude est bénéfique pour stabiliser le release.
Pour bien démarrer le downswing il est clairement bénéfique de tendre le coude gauche pour équilibrer les forces appliquées au club et maintenir son lag. Sans cette extension, le club commencerait à se relacher instantanément.

 

 

 

Voici Stuart Appleby qui nous montre ce mouvement. Voyez comment son coude passe d'une position légèrement fléchie à tendue pendant la transition.

 

 

Au cas où cette preuve est insuffisante, étudions Jamie Sadlowski dont la réputation n'est plus à faire (n'oubliez pas que Jamie tient tête à des concurrents de 20cm et 40kg de plus que lui). Voyez comment il étend ce coude gauche lors de la transition.

PS : Jamie vient de passer le cut sur son premier tournoi sur le NationWide Tour.


 

 

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Comparons maintenant le plus long frappeur de la planète et le plus court frappeur du PGA Tour, actuellement Brian Gay. Brian n'étend clairement pas le coude gauche...Il étend le droit.
Est-ce bénéfique ?

 

Micromouvement #3 – La Rotation Externe de l'épaule droite

 

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Pour éviter toute confusion, le conseil ''tournez les épaules'', ambigu et inapproprié ne sera pas souvent utilisé dans mes articles.
Aujourd'hui nous parlerons de rotation externe, représentée en ''A''. La rotation interne correspond au mouvement ''B''.

 

 

Cette rotation externe fait partie de ce que j'ai pu appelé dans de précédents articles le Mouvement du coude (Elbow Move), avec Alvaro Quiros en personnage principal.
Remarquez avec quelle rapidité le coude passe en avant alors que les mains sont maintenues en arrière. Celà se produit lorsqu'on arrive à coupler une rotation externe d'épaule droite avec une adduction (dans le plan transverse), le prochain micromouvement.

Ce mouvement est crucial pour garder son lag tout en laissant le shaft ''retomber dans le plan'', c'est la manière correcte d'applatir le plan de swing à la descente.


 

 

 

Bien sur il est possible de faire autrement...Si vous tirez le bras droit vers l'avant avec une rotation interne, voilà à quoi vous ressemblerez...

Ceci permet de comprendre pourquoi le bras droit de Brain Gay est si coincé.
La mécanique est assez simple. La rotation interne de l'épaule droite est censé être utilisée très tard, nous pourrions dire ''juste avant l'impact''.
En l'utilisant en transition, il ne peut plus s'en servir à nouveau. Il manquera rapidement de marge de manoeuvre. Le seul mouvement qu'il lui reste c'est l'extension du bras coude droit mais en terme de golf ça se traduit par un joli Flip...ou devrions-nous dire un merveilleux ''relachement''.

Les champions de Lag arrivent à maintenir la rotation externe de l'épaule droite très longtemps, et ce n'est que quelques millisecondes avant l'impact que l'épaule passe en rotation interne.


 

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Un peu de curiosité. Voyons comment les Homo Sapiens lancent une balle le plus efficacement possible. Retrouvons l'incroyable Pitcheur Tim Lincecum. Ne serait-ce pas de la rotation externe que nous observons pour son épaule droite ? C'est à ce moment du lancer que cette rotation externe atteint son maximum.

 

 

Six images avant l'impact (à 210 images par seconde à l'aide de la caméra Casio EX-FH20) il atteint sa rotation externe maximale et l'épaule droite recommence à aller dans le sens de la rotation interne. Ca fait donc 6 * 0,0048s soit 29 millisecondes avant l'impact.
Voyons si les golfeurs utilisent ce même timing.


 

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On a Trevor Immelman sur la gauche et Lee Westwood sur la droite, tous deux au moment de leur rotation externe maximale.

 

 

Regardez l'animation et prétez attention au bras droit (l'os du bras, l'humerus). Voyez comment il tourne alors que les mains sont portées en avant. Ce que vous voyez c'est de la rotation interne de l'épaule droite. Naturellement lors de cette rotation interne, le coude droit s'étend (et l'épaule droite évolue aussi vers la protraction).

J'ai enregistré Trevor à 300 images par seconde avec ma Casio EX-F1. Son épaule droite atteint sa rotation externe maximale 10 images avant le contact, soit environ 33 millisecondes. Ca me semble à peu près en adéquation avec ce qu'on observe chez Tim Lincecum.


 

 

De l'autre côté on a Westwood qui l'atteint 25 images ou 83 millisecondes avant l'impact. C'est presque 2,5 fois plus tôt. Du point de vue de la performance, c'est trop tôt et celà crée une vitesse de club maximale avant l'impact avec un club qui dépasse les mains (flip), ajoutant spin et loft et diminuant la distance. Heureusement que Westwood est un colosse...

Mieux vaut Tard que Jamais

 

 

 

Cette fois on va analyser un mouvement plus curieux, avec Carl Pettersen. Il utilise de la rotation interne de l'épaule droite (un ''par-dessus'' en somme) en transition, mais il arrive curieusement à repasser en rotation externe tardivement. Celà modifie la position de ses bras, mains et club qui passent d'une position très ''steep'' à une position tout à fait correcte et ''dans le plan'' dans la dernière partie de la descente. Phil Mickelson utilise une rotation externe tardive un peu similaire.

 

Micromouvement #4 – L'Adduction Transverse de l'épaule droite (bras droit amené en avant)

Ce mouvement comme nous l'avons vu doit être combiné à la rotation externe de l'épaule droite.


 

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Le mouvement d'adduction (dans le plan transverse) est exactement celui que l'on fait en faisant l'exercice de muscule ''Peck Deck''. L'humerus étant à l'horizontale, le bras droit est ramené vers le centre du corps.

 

 

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La variation incorrecte – Le bras droit est amené vers le bas et l'arrière – Adduction dans le plan coronal

Il ne faut pas confondre ces deux mouvements. Lorsque l'on parle d'adduction, on parle d'un mouvement vers le centre du corps. Le terme d'adduction dans le plan coronal est impropre mais je l'utilise pour marquer la nuance.
Cette variation avec un bras amené vers le bas et l'arrière correspond plutôt à de l'extension et de l'abduction de l'épaule droite. C'est assez dangereux car le coude droit sera typiquement coincé derrière la hanche droite et le joueur sera forcé de flipper (ou comme Furyk de ne jamais relacher le bras droit et le garder contre le corps)
La comparaison entre Rickie Fowler et JB montre bien la différence entre Adduction dans le plan transerve (réelle adduction) et Adduction dans le plan coronal (en réalité extension et abduction de l'épaule).


 

 

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Rickie utilise d'excellents mouvements de la colonne vertébrale, avec une bonne courbure vers la droite, mais son bras droit est tiré vers le bas plutôt que porté en avant, et celà le gène pour compléter sa descente.

NB : Pour certaines personnes ''descendre les bras'' dans le plan peut être une bonne image, mais réalisée ''à la lettre'', cette consigne peut causer des problèmes.


 

Micromouvement #5 – Contraction du Biceps droit (flexion du coude)

 

 

 

Ceci est lié aux connections entre les fascia (consultez le livre de Thomas Myers : Anatomy Trains pour plus d'informations). Le comportement de la scapula (omoplate) gouverné par les pectoraux et les dorsaux influence la tension des différents fascias, et un mouvements logique (accompagnant la rétraction de la dépression de la scapula) de flexion du coude droit se produit lors des bonnes transitions. Vous pouvez par exemple voir que le ''L'' du coude droit de Sergio Garcia se transforme plutôt en ''V''.

Pendant ce temps dans un monde parrallèle...

http://www.youtube.com/watch?v=FfOpZkD1Mjk

Voici Monsieur Stack & Tilt Mike Bennett qui prêche pour une extension rapide du bras droit. Si vous faites attention, vous pouvez même discerner un peu de rotation interne d'épaule droite en tout début de descente.

Un peu de physique

Ces Cinq premiers Micromouvements représentent la BASE du lag, ce que le physicien Dave Tutelman appelle ''Negative torque''. Le coude gauche se tend et le bras droit est ''rentré'' près du torse à l'aide de la rotation externe et de l'adduction de l'épaule droite, ainsi que la flexion du coude droit. Celà maintiendra le lag et retardera le release selon Tutelman.

Ce qui peut paraitre contradictoire c'est que les forces du ''Negative Torque'' restreignent le mouvement du club vers l'avant, tandis que d'autres micromouvements permettent de rapprocher les bras du corps pour diminuer le moment d'inertie et permettre au corps de développer plus de vitesse de rotation.
Mais durant les 30 dernières millisecondes du swing, toute cette énergie en quelque sorte ''stockée'' dans le haut du corps (épaules, bras, avant-bras, poignets) est libérée pour produire une vitesse maximale à l'impact.
Pour plus d'informations sur la physique du golf et le travaux de Tutelman, allez sur :
http://www.tutelman.com/golf/swing/handhit.php


Le Yin et le Yang au Golf

Effectuer ces 5 micromouvements est assez simple mais beaucoup d'amateurs appliquent volontairement ou involontairement des forces inverses, ''Positive Torque'' avec relachement du lag. D'autres peuvent faire d'excellents swings d'essai mais dès qu'ils ont une balle en face d'eux ils recommencent à swinguer comme Freddy Kruger vers cette pauvre petite balle blanche. Pourquoi ?
Retenir le lag tout en générant de la rotation du corps requiert beaucoup d'énergie et de force musculaire dans des directions opposées. En d'autre termes, il faut plus ou moins appuyer sur le frein et l'accélérateur en même temps pendant la transition, puis relacher le frein juste avant l'impact.
En suivant un raisonnement logique on peut arriver à la conclusion que pour frapper loin, il faut engager tous les forces musculaires dans la même direction. Pour un droitier ça voudrait dire diriger toute son énergie dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Bien au contraire !


 

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Dans le lancer de Lincecum, son fessier droit est engagé pour maintenir sa hanche droite en rotation externe, tandis que le gauche lui, est également engagé pour mettre la hanche gauche en rotation externe. Il se passe là même chose pour ''Squat'' de Sam Snead ou de Jamie Sadlowski.

Ca me rapelle un peu le gamin que j'ai croisé au feu rouge la dernière fois, qui pour impressionner ses amis et montrer toute son intelligence a décidé d'appuyer sur le frein et l'accélérateur en même temps.
Le résultat ? Quelque chose dans ce genre là...

http://www.youtube.com/watch?v=5m5DaYLwgbk

L'objectif de contracter les deux fessieurs c'est de créer de la rotation avec la hanche gauche, avec un côté droit qui reste assez fixe et qui se trouve donc étiré par un bassin qui tourne. Cet étirement permet de générer encore plus de rotation lors d'une seconde explosion à l'impact.
On a vu auparavant que bombarder avec les deux hanches en même temps amène un saut sans aucune rotation.


 

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Pendant que tout celà se met en place au niveau du bas du corps, il se passe le même genre de chose en haut. Le côté gauche tourne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre et le côté droit resiste dans le sens horaire. Regardez les lettres sur son maillot. Il a perdu deux lettres : ''LINCUM''. C'est pareil pour les meilleurs swings au golf.
Explorons ces mouvements plus en détail.

Micromouvement #6 – L'Augmentation de la protraction de l'omoplate gauche – Pied sur le Frein


Comme on peut le voir sur cette vue surélevée, Dustin Johnson tourne sa colonne à l'opposé de son bras gauche, avec mise en place de protraction de l'omoplate du côté gauche. Le grand dentelé de Dustin (ou le muscle du boxeur) se contracte pour à la fois effectuer cette protraction mais aussi étendre le bras gauche.

 

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Le grand dentelé du côté gauche est le principal responsable de cette protraction de la scapula.

 

 

 

Sur une face de face, il est moins facile de se rendre compte de cette séparation mais vous pouvez voir que l'étirement au niveau de l'arrière de l'épaule gauche est maintenu (autre petit indice, il n'y a aucun pli dans cette zone du pull)

 

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Brian ne semble pas utiliser tant de protraction. Il est plutôt entrain de protracter son épaule droite et rétracter la gauche.
Si on veut contracter tous les muscles dans la même direction c'est logique, mais....

 

 

Petit Exercice pour la maison

 

Placez votre bras gauche dans la même position que Dustin. Essayez de garder le bras gauche en arrière et d'augmenter votre armement de poignet tout en tournant le bas du corps. Vous pourrez facilement sentir tout cet étirement dans le haut du corps et le stockage d'énergie pour le reste de la descente.

Maintenant, permettez à l'épaule gauche de se rétracter (tirez là vers l'arrière) et étendez très légèrement le bras droit. A mon avis, vous aurez l'impression d'avoir perdu toute cette énergie et il est probable que votre armement des poignets aura diminué. Au revoir, précieux lag !

Est-ce que ce phénomène explique pourquoi Jamie maintient plus de lag lorsque l'avant-bras gauche est à 45° par rapport à la verticale ?
Est-ce que quelqu'un demande à Brian d'appliquer une pression inadaptée sur le shaft avec son index pour appuyer sur l'accélérateur ? (simple supposition étant donné l'instruction qu'il reçoit).


 

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Micromouvement #7 – La Rétraction de l'Omoplate Droite – Plus de Freinage

 

 

 

Sur cette vue surélevée encore une fois, DJ nous montre comment il rétracte sa scapula droite vers la fin du backswing et lors de la transition. Certains mauvais golfeurs sont déjà entrain d'appuyer sur l'accélérateur à ce moment, avec protraction prématurée de cette épaule droite.

 

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Voici Francesco Molinari dans une très bonne position.

 

 

Vous voyez comment il relache rapidement ? Pourquoi ça lui arrive ?

 

Micromouvement #8 – La Dépression de l'Omoplate Droite (vers le bas et l'avant) – Encore plus de freinage

 

 

 

Sur cette animation, je montre comment la scapula du côté droit se rétracte intialement, puis se déplace vers l'avant et le bas. Puisque le bras démarre dans une position élevée, ces actions créent un mouvement circulaire pour la scapula et le bras.
Recherchez ces deux micromouvements. Voyez comment le vêtement de DJ se pli au niveau de la scapula droite lors de la retraction puis lorsque la scapula va vers l'avant, les plis disparaissent.
Il y a également des plis dans la région du trapèze et de la clavicule droite (entre le cou et l'épaule) qui disparaissent parce que la scapula se déplace vers le bas.


 

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Cette scapula droite va vers l'avant parce qu'elle est tirée par le grand pectoral et les autres muscles de la poitrine. Un peu comme lors du développé couché juste avant de pousser la barre, votre poitrine s'expand, votre colonne vertébrale développe une arche tandis que votre omoplate est attirée vers l'avant

NB : La poitrine et les rhomboides maintiennent l'épaule droite en arrière, mais ce faisant, les facettes latérales des vertèbtres s'en trouvent connectées, ce qui a un autre effet bénéfique : augmenter la vitesse de rotation de la colonne vertébrale.


 

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Par conséquent, la rotation de la colonne (via courbure latérale et lordose) permet aussi au coude droit d'aller vers l'avant.
Revenons-en à Molinari. Puisqu'il relache ses dorsaux et ses pectoraux, l'effet attendu est une protraction prématurée de l'épaule droite (l'inverse de ce que l'on souhaite). La rotation interne apparait automatiquement dans le même temps, causant aussi extension du coude droit, et flexion du poignet droit. Bonjour le flip !
La perte de la courbure latérale de la colonne de Molinari s'observe assez facilement : l'épaule droite semble très haute par rapport à celle de Tommy Gainey.

Petit Exercice pour la maison

Si vous créez de la lordose lombaire (courbez votre colonne vers l'arrière) et de la courbure latérale vers la droite, voyez s'il vous est possible de placer le coude droit en avant comme Tommy. Puis, essayez d'enlever ces deux courbures. Impossible n'est-ce pas ?
Vous arriverez peut-être à placer les mains en avant mais pour le coude droit ça va être très difficile. Vos mains vont en fait se placer en avant de votre coude (ce qui correspond à de la rotation interne d'épaule).

Tous ces mouvements sont interconnectés, vous ne pouvez pas effecture correctement cette partie du swing sans des mouvements adaptés de la colonne vertébrale.


 

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Comparons Gainez avec Olin Browne. Vous sentez comme l'épaule droite de Olin s'est mise en rotation interne et n'a plus d'essence dans le réservoir ?,Celui de Gainey est rempli par contre. Rotation externe maximale.

 

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La séquence classique est la suivante. Aussitôt que l'épaule droite démarre vers la rotation interne, le coude droit partira en extension, et le poignet droit devra fléchir. C'est exactement comme Lincecum lors de son lancer. La rotation interne (et la protraction qui lui est souvent associée) déclenche tous les autres segments. Il faut empêcher celà le plus longtemps possible. Commencez tôt et vous flipperez.

 

Micromouvement #9 – La Contraction du Trapèze Gauche – Un peu plus d'essence

J'ai déjà utilisé Graeme McDowell comme modèle dans un précédent article, pour l'inclinaison des épaules à l'impact. Tandis que la scapula essaye de réduire la protraction du côté droit, et joue un rôle dans la rétention de la courbure latérale de la colonne vertébrale, le trapèze gauche permet d'élever l'épaule gauche tout en tirant le buste dans un mouvement antihoraire.


 

 

Le trapèze gauche (entre le cou et l'épaule) se bombe avant l'impact. Il se contracte intensément.
8 images avant l'impact : 8*0,0033 soit 26 millisecondes.

 

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Tiger en faisait de même.

Le retard des bras

Nous avons vu ce qui se passe au niveau des épaules, mais les bras dans tout celà ?
Et bien tout comme la tête de club traine derrière les mains, les bras trainent aussi derrière le corps. Comment celà se passe-t-il ?

Pour avoir les bras derrière le corps, la colonne et le bas du corps doivent être responsable de la rotation. Si votre corps n'en crée pas assez ou qu'il arrête d'en créer, en raison d'un slide par exemple, ou d'une décélération volontaire (si si...pour ceux qui croient en la chaine cinétique il faut décélérer pour accélérer...) d'autres parties du corps seront mises en jeu. Tout d'un coup vous vous retrouverez avec un release prématuré, un flip parce que la puissance devra bien être générée par quelque chose, en l'ocurrence votre haut du corps, bonjour protraction de l'épaule droite, extension du coude droit, flexion du poignet droit etc etc...
Ne vous inquiétez pas, tout celà ce n'est que du ''Relachement''...


 

Encore une fois retrouvons Brian et Jamie. Vous remarquez à quel point Brian se déplace latéralement par rapport à Jamie, et comment celà crée moins de rotation du corps ?
Serait-ce un élément expliquant la différence de 110 mètres entre ces deux hommes ? Je dis...PEUT-ETRE !

Comment faciliter la rotation du corps?

Micromouvement #10 – Un Bras Gauche en contact avec le torse (Adduction de l'Epaule Gauche)


 

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Le bras gauche se trouve plaqué contre la poitrine, amenant les bras et le club plus près de l'axe de rotation. Celà va diminuer le moment d'inertie et permettre de créer plus de vitesse. On peut observer ce rapprochement entre le bras gauche et le torse sur la photo de droite.

 

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Le Bras gauche de DJ est nettement plus près que celui de James Nitties.

 

 

En vue surelevée, c'est évident. L'épaule gauche effectue de l'Adduction, maintenant le contact entre le bras gauche et la poitrine. Celle de James va déjà vers l'ABDuction et un bras qui s'éloigne du centre de rotation. Le club suit. James est entrain d'augmenter son moment d'inertie, rendant la rotation plus difficile.
C'est le même principe qu'un patineur artistique quand il tourne sur place. Pour accélérer, ses bras seront tout près du corps et il les éloignera pour ralentir.

Micromouvement #11 – Le Coude Droit renforce le Rapprochement entre le bras gauche et la poitrine

Ce mouvement et le précédent sont liés. Ils permettent tout deux de garder les bras et le club proches du corps. Ce sont deux freins supplémentaires assurant le maintien du lag.


 

 

 

Voici JB Holmes qui domine le Tour en distance au drive. Il possède un mouvement du coude droit fantastique. Son bras gauche semble suspendu en haut du swing, le coude droit se place très avant, avec des mains qui restent bien derrière. La main droite est de ce fait dans une position parfaite pour augmenter sa déviation radiale.
Si la main droite appuyait sur l'accélérateur et poussait vers l'avant, le bras gauche serait automatiquement décollé du torse et toute l'énergie stockée serait perdu en une fraction de seconde.

Micromouvements #12 et #13– La Pronation de l'avant-bras droit et la Supination de l'avant-bras gauche


 

C'est un peu compliqué de se représenter ces mouvements parce que les bras sont en position inversée ici. Allez doucement et tentez de repérer une légère pronation de l'avant-bras droit et une légère supination de l'avant-bras gauche pendant la transition. Ce combo permet de fermer la face et ainsi contrecarrer l'ouverture engendrée par la rotation externe de l'épaule droite et la rotation interne de l'épaule gauche.
Vous pouvez vous référez au dernier article sur le grip pour revoir celà en détail.

 

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C'est plus simple une fois arrivée au milieu de la descente. La paume de la main droite regarde vers le bas et la gauche vers le haut, signifiant pronation de l'avant-bras droit et supination de l'avant-bras gauche. C'est ce que fait Gainey. Si vous faisiez l'inverse vous seriez dans la position de Jeev Milkha Singh.

 

Regardez attentivement le logo blanc sur le Grip de Rickie. Alors que ces mouvements se mettent en place, vous pouvez voir le shaft tourner dans le sens des aiguilles d'une montre, et à la fin de l'animation, le logo se trouve vers le bas.

On se rend compte également du freinage réalisé par les avant-bras. On voudrait pouvoir lancer le club avec extension du poignet gauche et flexion du poignet droit, avec supination de l'avant-bras droit et pronation de l'avant-bras gauche.
Ces contre-mouvements permettent encore une fois de stocker de l'énergie, tout en assurant une face square et non pas complètement ouverte. Le cerveau est parfaitement en phase avec l'orientation de la face de club. Si elle est complètement ouverte, il sait très bien qu'il va falloir la fermer, et les mouvements choisis seront typiquement un flip ou un flip/roll, qui ne sont pas vraiment fiables pour assurer puissance et régularité.


Ce que vous devriez voir

En résultante de tous ces mouvements corrects, les coudes donneront l'impression de se rapprocher en vue de profil. En vue de face, le coude droit sera sous le gauche.


 

Martin Kaymer nous montre celà parfaitement dans cette animation. Si il n'y a pas assez de rotation externe d'épaule droite, tout celà est impossible.

Attention à ne pas créer trop de rotation externe à la montée. C'est ce que font certains joueurs pour ressembler à Hogan, ou pour obéir à leur professeur. Mais celà va déclencher de la rotation interne en transition et les coudes s'éloigneront.

 

 

Les coudes de Brian qui s'éloignent l'un de l'autre avec rotation interne de l'épaule droite en début de descente.


Court, Long, et le Phénomène


 

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Si vous ne regardez que les positions du corps par rapport aux épaules et aux mains, Jamie Sadlowski présente la plus grande rotation du corps (et il a beaucoup de rotation externe et ABDuction pour le bas du corps, lui permettant de continuer sa rotation complètement) par rapport à Alvaro et à Brian.
Alvaro est déjà en très bonne position, mais avec un peu moins de rotation externe et ABDuction des hanches. Son bras gauche n'est pas aussi tendu. Il est peut-être 45 à 70m plus court que Jamie.
Les jambes et les hanches de Brian sont dans une position bloquée (double ADDuction et rotation interne) et son épaule gauche commence à se rétracter, ce qui lui fait perdre du lag.
Je pense que l'on peut en rester là...


 

Quelques principes de Base

 

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Ce n'est pas une illusion d'optique. Les bras et le club sont très proches du corps.

 

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Ce n'est pas de celà dont parlait Hogan ?

Voici quelque causes et effets en rapport avec le lag :

  • Si le lag est perdu ou délibérément diminué au début du downswing, la vitesse de rotation diminuera du à l'augmentation du moment d'inertie (la masse des bras et du club s'éloignant du corps). Essayez de lancer une balle avec le bras complètement tendu et vous vous rendrez vite compte du ridicule de la situation.
     

  • La rotation du corps est indispensable pour conserver le lag. Si la rotation ralentit ou s'arrête (pour quelque raison que ce soit) le haut du corps prendra le relais avec en prime tous les mouvements indésirables que nous avons décortiqués. Les bras dépasseront le corps, le club dépassera les mains, je pense que je n'ai pas besoin de vous faire un dessin.
     

  • Appuyer sur l'accélérateur, créer du ''Positive Torque'' avec les épaules, les bras ou les mains trop tôt sera rédibitoire pour votre lag, vous obtiendrez un mouvement possiblement ''par-dessus'' et à coup sûr un flip.
     

  • Des courants d'enseignements ne veulent pas trop de rotation des hanches, par peur de ''dévisser'' (SpinOut).
    Celà n'arrivera que si il n'y a aucune connection entre le bas et le haut du corps. Les mouvements du lag, accompagnés des mouvements adaptés de la colonne vertébrale (courbure latérale vers la droite et lordose lombaire) maintiendront cette connection.
    Un SpinOut n'arrive que lorsque la majorité des segments appuient sur l'accélérateur, sans aucun frein.

Conclusion

Virtuellement tout ce qui peut paraitre instinctif pour frapper une balle entrainera une pression sur l'accélérateur. C'est certainement parce que ça semble si logique qu'autant d'amateurs reviennent par-dessus et flippent le club.

J'espère que cette description exhaustive des mouvements des poignets, avant-bras, coudes, épaules, scapulas et colonne vertébrale vous aidera à créer du lag et à le maintenir.

Le mois prochain je couvrirai le release du lag, qui est tout aussi important que sa création et son maintien.

Il y a des micromouvements permettant de créer plus de puissance en fin de swing juste avant l'impact. La décélération volontaire et le ''relachement'' ne seront pas de la partie. Il s'agit de contractions actives utilisées par les meilleurs frappeurs du monde.