Comment se servir des hanches lors de la descente ? Partie 1
Avril 2011
- par Kelvin Miyahira
Traduction : Robin Cocq
Si vous parcourez le dernier Golf Magazine ou le dernier Golf Digest dans la section instruction, vous vous apercevrez que même si les noms et les visages changent le contenu reste quasiment identique depuis 10 ou 20 ans. Tout comme à Hollywood où l'on ressort toujours les mêmes formules avec quelques ajustements dans le scénario ou chez les personnages, l'enseignement classique du golf n'a pas vraiment changé. Malgrès tous les progrès technologiques avec les caméras à haute vitesse, les radars comme le Trackman ou le Flightscope, les équipements de biomécanique, nous (les américains) n'avons pas réellement amélioré le niveau de nos golfeurs.
La connaissance du swing de golf est bien trop simplifié et reste ambigue malheureusement. Beaucoup de courants d'enseignement s'obstinent à enlever des mouvements au lieu d'en créer des corrects, mais en enlevant le côté athlétique. C'est agréable à voir pour nos yeux friands de géométrie, ça parait sobre, certains vous diront ''simple et donc efficace''.
Mais utiliser toute cette technologie sans réellement comprendre comment fonctionne le corps dans le swing de golf mène à trop de simplification, de soumettre beaucoup d'éléments à l'interprétation, au lieu de creuser plus loin dans l'inconnu.
Avec ces caméras si puissantes on entend encore et encore les mêmes analyses.
Combien de fois avez-vous entendu le présentateur vous dire, après un coup raté à gauche : ''il s'est un peu précipité sur celle-là'' ou ''il est revenu un peu par-dessus et a fait un petit pull''. Et si le joueur rate sur la droite, ''ah oui il s'est complètement bloqué'' ou ''il a refusé le coup'' ou ''il est resté coincé''. Ce n'est pas une surprise si tous ces gars là ne comprennent pas le swing de Bubba et le qualifient d'atypique, de personnel, de naturel...
Pourquoi refuser de complexifier un peu pour comprendre un minimum comment tout celà fonctionne ?
Oh, mais non, les commentateurs n'ont pas le temps pour faire ça en direct il faut les excuser. Est-ce qu'ils lisent des articles ou font-il un minimum de recherche ? Ca ne fait pas partie de leurs attributions ? Ou suffit-il en fait d'avoir un petit ''accent'' sympathique et de balancer en vrac quelques clichés du passé pour paraitre savant ?
Il y a un temps pour tout. Pour la simplification aussi. Les grands joueurs ne pensent pas à ce qu'ils font lorsqu'ils sont dans le feu de l'action. Ils ont des clés très simples qui leur permettent de créer les coups dont ils ont besoin.
Mais si on veut changer l'ADN de son swing, comment le faire sans une profonde connaissance des altérations/améliorations à faire dans la structure ''génétique'' du mouvement ?
Et comment éviter, comme c'est le cas très souvent, de régresser en tentant d'améliorer sa technique ?
J'aimerais effectuer une petite expérience sur le sujet de la rotation des hanches. Est-ce vraiment les ''HANCHES'' qui ''tournent'' ?
Nous commencerons par analyser tout simplement la terminologie utilisée classiquement, puis nous nous attacherons à décrire ce qui se passe en réalité.
Pour tout professeur ou golfeur qui veut vraiment connaitre la clé de la puissance dans un swing de golf, ce travail est nécessaire.
Les swins des Légendes du golf
Afin de savoir comment bouger votre corps de la manière la plus athlétique possible, voyons un peu ce que faisait les légendes de notre sport : Sam Snead, Ben Hogan, Arnold Palmer et le jeune Jack Nicklaus. Ils ont grandi à une époque ou le golf ne passait pas encore à la télévision. Les caméras existantes ne servaient que pour le cinéma, elles n'était pas disponibles à des fins commerciales, et encore moins pour un usage personnel.
Et un autre point TRES important, les grandes ''SUPERSTARS de l'enseignement'' (vous connaissez IMG ?) n'avaient pas encore été inventées, et les magazines de golf n'existaient pas encore pour leur montrer comment swinguer un club.
Ces géants du jeu swinguaient de la manière la plus naturelle qui soit. Ils étaient juste athlétiques et trouvaient simplement un moyen pour frapper la balle le plus loin et le plus droit possible.
Pour celà, les Légendes sont à étudier avec le plus grand intérêt et restent des références.
Ils nous dévoilent la façon la plus naturelle et athlétique de swinguer, au lieu d'apprendre toutes les mouvements machiavéliques de nos professeurs de danse actuels, qui semblent avoir pour objectif de changer les golfeurs en jolis robots.
Sam Snead
Slammin’ Sammy avait l'un des meilleurs swings de l'histoire, avec l'une des plus grandes longévité. Il continuait à jouer de manière exceptionnelle après ses 70 ans.
Démarrons par son swing. Comment utilisait-il son bas du corps ?
Snead est très connu pour son fameux ''Squat'' pendant la descente.
On aperçoit effectivement que sa ceinture s'abaisse significativement avec les genoux qui s'écartent. Cet aspect a amené le terme de ''Squat''.
Plus tard dans le swing, il poussait fortement à l'impact avec une jambe gauche qui se raidissait (un peu comme Tiger quand il était plus jeune) et lançait les hanches pour tourner aussi fort que possible pendant l'impact. Remarquez qu'il avait aussi le même genre de torsion au niveau du pied gauche que Jamie Sadlowski. Il swingue également sur ce que j'ai appelé dans de précédents articles la ''CHI line''.
Sa ceinture remonte clairement à l'impact avec des jambes qui s'étendent. C'est un mouvement magnifique à regarder.
Ben Hogan
Le grand Ben Hogan est adulé par beaucoup à cause de sa frappe de balle grandiose.
Cependant il faut bien reconnaitre que son swingue a beaucoup évolué pendant sa carrière lorsqu'il a pris de l'âge mais aussi à cause de l'accident dont il a été victime.
Il est donc important de tenter de copier le swingue de Hogan dans ses meilleurs années quand il gagnait la majorité de ses tournois majeurs (tout comme on préférerait copier le Tiger de 2000 plutôt que celui de 2011...). Cette période s'étendue du milieu des années 40 jusqu'au milieu des années 50.
Voici Hogan en 1954 quand il était encore au top. Il chargeait bien le côté droit au backswing, alors que plus tard il commença à se placer de plus en plus du côté gauche (ce qui fait plaisir au Stack & Tilteurs).
Voyez à quel point le déplacement vers la gauche est subtil.
Ben faisait les choses un peu différement par rapport à Snead. Au début de la transition, il poussait un peu sur sa jambe droite avec un petit mouvement latéral, puis immédiatement ce mouvement latéral prenait fin et il employait ensuite le même "Squat" que Snead.
Après avoir réalisé ce ''Squat'', il lançait aussi les hanches pour créer de la rotation, de la même manière que Snead. Hogan se trouvait aussi sur la ''CHI line'' à l'impact.
Son pied gauche bougeait également à l'impact pour permettre cette grande rotation des hanches. Remarquez également le pied droit attiré vers l'avant par cette dynamique du bas du corps.
Hogan est bien connu pour son plan de swing que d'innombrables joueurs tentent de copier. Mais même si les mouvements du corps sont copiables assez aisément, la rotation de son corps, le comportement de sa colonne vertébrale semblent plus difficile à acquérir.
Il a aussi un très bon mouvement du coude droit pendant la transition, avec une épaule droite en rotation externe replaçant le club dans le bon plan pour la descente.
Ce qui sépare ''The Hawk'' de ceux qui veulent le copier c'est sa splendide rotation pendant l'impact. C'est pour celà que le club bougeait si bien, ce n'est pas le fruit de manipulations diverses pour obtenir tel ou tel plan de swing.
Prétez attention à la position de la colonne lombaire de Hogan dans les derniers instants avant l'impact. Elle bouge de la même manière que GMac qu'on a vu dans un article précédent.
Il a un peu le même ''look'' que Tiger concernant la jambe gauche bien dégagée et inclinée à l'impact.
Même si sa colonne lombaire s'étend légèrement (comme tout le monde) à l'approche de l'impact, sa courbure latérale de colonne est toujours bien présente assurant une bonne connection des vertèbres entre elles, gage d'une bonne rotation pendant l'impact.
Les planologistes sont des spécialistes du plan, ils en comprennent parait-il tous les aspects.
Ils disent que le club de Ben Hogan se déplaçait vers le bas et la gauche pendant la traversée.
Leadbetter avait l'habitude de tracer le plan du shaft à l'adresse et montrer que le club bougeait selon le même plan à l'impact.
Beaucoup d'élèves ont souffert sur des panneaux de contreplaqué censées apprendre à vos mains à swinguer le club ''dans le plan'' à la traversée, ou encore des tuyaux de PVC vous permettant de faire le swing ''parfait''.
Sans les bons mouvements du corps, aucune chance...
Si le corps ne fait pas ce qu'il faut, vous ressemblerez à ça.
Arnold Palmer
Lorsque j'ai commencé le golf en 1972, Arnold avait la quarantaine, et même si il était toujours ''The King'' il avait perdu un peu de sa superbe.
Tout ce dont je me souviens c'était un swing bizarre, une traversée très funky pour tenter de guider la balle à la manière d'une télécommande, et son jeu de jambe atypique qui semblait arracher le gazon à chaque coup qu'il frappait. Je ne m'étais donc jamais vraiment intéressé à son swing jusqu'à ce que mes recherches m'y conduisent pour cet article.
Si comme moi vous n'aviez jamais vraiment fait attention à ce swing, il n'est jamais trop tard pour entendre raison.
Palmer avait un curieux backswing dans lequel il tournait beaucoup plus les hanches que Snead ou Hogan. En désaccord avec le concept de X-factor, ce genre de montée serait déconseillée de nos jours. Cet enroulement si impressionnant entrainait un déplacement latéral de sa colonne vers la gauche à la montée.
Encore un exemple qui donnera de l'espoir aux Stack & Tilteurs puisqu'il a ce qu'ils appellent un pivot bien ''centré''.
But regardez un peu ce qui se passe en transition. Il ne slide absolument pas vers l'avant comme le voudraient Andy Plummet et Mike Bennett. Au lieu de ça, lui aussi ''squatte''.
Ensuite Palmer tourne son corps de la même manière que les autres légendes avant lui.
Il ne va pas plus à gauche qu'il ne l'était déjà en haut du backswing. Son sacrum s'éloigne de la cible tout au long du downswing sans transfert latéral vers le pied gauche.
Beaucoup de gens pensent que sans ce mouvement latéral on risque de frapper des grattes mais la seule raison à celà serait un point le plus bas de l'arc de swing en arrière de la balle.
On ne peut pas dire que Palmer avait l'habitude de gratter ses coups de fers...Avec suffisament d'inclinaison du shaft vers l'avant (environ 8° à l'impact pour Arnold semble-t-il), le point le plus bas de l'arc se retrouve en avant de la balle sans aucun problème.
Non effectivement je pense pas que ce soit possible de gagner 7 majeurs en grattant ses coups tout le temps...
Sur les photos de dessus c'est Kenny Perry, un autre joueur à la longue carrière. Qu'il frappe un coup de fer ou un driver, vous pouvez constater qu'il ne transfère pas vraiment tout son poids vers la gauche comme c'est la mode actuellement. Son pied droit n'a même pas quitté le sol à l'impact. S'il vous plait, dites lui qu'il a tort !! ;-)
En fait, il existe un cercle vicieux d'erreurs qui amène cette attirance vers un mouvement latéral très prononcé.
Le fonctionnement est le suivant : si vous slidez beaucoup, vos hanches auront du mal à bien tourner pendant l'impact. Plus votre rotation s'arrêtera, plus votre puissance devra être générée par le haut du corps et les bras. Quand celà arrive, il est très probable que vos poignets se relachent et que vous perdiez votre lag.
Sans lag vous n'aurez pas cette inclinaison en avant du shaft à l'impact, vous frapperez quelques grattes, avant de décider de vous déplacer encore plus vers la cible.
Mouvement latéral excessif ---->Arrêt de la rotation---->Perte de lag/Flip---->Gratte---->Augmentation du mouvement latéral---->Rotation encore plus dégradée---->Release encore plus précoce---->Encore plus de grattes...
Il est possible d'arrêter ce cercle vicieux et développant une meilleure rotation, permettant de garder du lag et d'assurer une bonne inclinaison du shaft à l'impact.
Jack Nicklaus
Jack est le plus grand golfeur de tous les temps. C'est lui qui a gagné le plus de majeurs, et comme les autres, il a démarré sa carrière avec un swing extrêment puissant et athlétique. Ce n'est que quand les profs de danse s'en sont mêlé qu'il a évolué vers un backswing en pivot inversé, la tête bien fixe, et le finish en C inversé, le condamnant aux problèmes de dos plus tard dans sa carrière.
Tentez d'effacer l'image que vous avez de son swing et regardons le pendant son ascension.
Jack utilisait aussi le ''Squat''.
Puis il engageait bien les hanches, tournait selon la ''CHI line'' et bougeait ses pieds comme les précédents prodiges avant lui.
Commencez vous à saisir quelques tendances ?
Utiliser le swing des Légendes comme modèle ? Réalité ou Occasion ratée
Ces Quatre Légendes ont gagné ensemble 41 tournois majeurs. Sam Snead en a gagné 7, Ben Hogan 9, Arnold 7 également et Jack 18. Ils utilisaient tous des mouvements comparables. Pourquoi ce n'est pas celà qui est enseigné ?
Au lieu de ça, Tiger apprendre à charger le côté gauche à la montée et à slider au downswing. Bennett et Plummer, qui ont pris les idées de Mac O'Grady, ayant lui même récupéré celles d'Homer Kelley.
Mais attendez le meilleur est à venir.
Ca c'est Mac en 1990 et il avait sans aucun doute un excellent swing. Il n'est pas sur le côté gauche comme le Tiger actuel, et absolument pas aussi à gauche que le suggérerait la méthode Stack & Tilt. Pourquoi son haut du corps n'est pas incliné vers la gauche ?
A partir de cette position, Mac Squatte comme les légendes.
On voit bien qu'il ne slide pas du tout les hanches latéralement comme l'enseignent ses disciples aujourd'hui. Il effectue une bonne rotation des hanches et de la colonne vertébrale, selon la ''CHI line'' également.
Pour ceux qui utilise le Stack & Tilt, vous avez déjà un backswing ''A la Palmer'', alors pourquoi on vous demande de transférez autant votre corps vers la cible à la descente ?
Pourquoi ne pas faire comme Arnold ou Mac O'Grady ? Pourquoi faudrait-il réinventer la roue ?
Il est possible qu'on apprenne à tout le monde à éviter les grattes en slidant autant parce que créer et retenir son lag et assurer une bonne inclinaison du shaft à l'impact est trop difficile.
On considèrerait en quelque sorte que vous n'êtes tout simplement pas assez bons, alors pourquoi vous compliquer encore plus la tâche ?
Il semble que le cercle vicieux que je viens de décrire n'est pas vraiment une solution valable
Le swing de Mac était fantastique, il n'avait pas du tout ce slide que l'on enseigne à tout-va.
La suite au prochain épisode
Les légendes swinguaient de cette manière pour de nombreuses raisons.
Les mouvements des jambes et des hanches s'effectuent toujours dans les trois plans de l'espace, et les données en 2 dimensions (images, vidéos) devront être utilisées avec précaution pour ne pas perdre de précieuses informations.
Le mois prochain nous décrirons ces mouvements de la manière la plus complète possible, mais aussi la simple possible pour que puissiez bien comprendre comment les intégrer dans votre swing.